lundi 18 juin 2012

Moi, rôliste...

j'ai été très seule toute mon enfance, être mentalement et socialement différente à Versailles c'est juste l'horreur... surtout quand au contraire on a tendance à être de nature gentille et tolérante... Pourtant inconsciemment j'ai essayé de m'intégrer: j'ai été baptisée/communiée/confirmée et c'étais mon choix, personne ne m'a obligé, j'allais au catéchisme sans rechigner et j'ai lu la bible in extenso... J'étais plutôt une bonne élève, j'étais sage... je me suis mise à faire le pitre, assez efficacement et naturellement, mais je restais quand même celle qu'on invitait jamais, qu'on ne prévenait de rien et qu'on laissait dans son coin... Pourtant en-dehors de ce milieu, en colonie de vacances j'avais plutôt du succès, j'étais même souvent le chef de bande... les psychologues successifs n'ont pas été d'une grande aide, parce qu'ils pensaient que ma dépression venait d'un problème que j'avais moi... et le milieu du jeu de rôle m'a ouvert les yeux... c'était les autres qui avaient un problème, pas moi... déjà avant ça j'avais un ego trop construit pour avoir même l'idée de vouloir changer ce que j'étais pour plaire mais le fait de découvrir des gens, enfin, à quinze ans, comme moi, fut une libération. Finie la dépression, le fait de me sentir seule au monde, incomprise et raillée, de ne pouvoir avoir de vraies discussions, sur n'importe quel sujet, de n' avoir pas de vie sociale... bien sur je n'ai pas pris la mesure de ce changement... je l'ai compris bien plus tard, lors de ma deuxième renaissance, quand après avoir consacré plusieurs années à rien d'autre que mes études, le boulot et mes grands-parents, je suis tombée par hasard sur les forums rôlistes... je me suis remise à respirer après avoir été en apnée pendant dix ans en quelque sorte, j'ai rencontré des gens merveilleux, quelques connards aussi mais ça on s'y attend forcément un peu, des filles, je me croyais une espèce rare et c'était vrai mais moins que je ne le croyais... je dois au jdr mon amoureux, mes meilleurs amis, mes seules copines puisqu'avec les autres on parle des langues différentes il me semble, des discussions et des réflexions passionnantes, une ouverture d'esprit non seulement aux choses liées à ce milieu mais et surtout au reste du monde, une plus grande assurance que ce soit pour maîtriser ou pour aller parler à des gens que je ne connais pas, car oui malgré un gros ego je n'en reste pas moins une timide maladive... mais le jdr c'est une vraie thérapie pour ça! je ne peux pas dire que ça m'a donné le gout de la lecture ou de la découverte, je les avais déjà avant mais je l'ai vu se développer chez d'autres, moi qui était seule, j'ai des amis dans le monde entier: en France, en Angleterre, au Japon, à Taiwan, aux USA, au Canada, en Italie et même en Chine! et pourtant mes collègues m'aiment bien: je sais qu'elles ne comprennent rien au jdr et qu'elles n'en ont pas l'envie, mais elles d'un autre côté savent que je suis fiable, que si elles ont un problème, je m'efforcerais de les aider, que je ne rechigne pas à la tâche, elles s'amusent de nombreuses "monomanies" qui n'ont pas forcément grand-chose à voir avec le jdr (les animaux et le jardinage, la broderie, les livres anciens, Venise...)... et pourtant les voisins m'aiment bien, même les petites mamies tout autour de moi (en fait je devrais dire surtout elles) et les amiraux très comme il faut... parce que je me mets toujours à la place des gens et ça c'est aussi un réflexe de rôliste... en bref avant le jdr j'étais en dehors d'un groupe social et j'étais hors du monde et de la société... maintenant oui je fais partie d'un groupe sociétal, les rôlistes ou les geek pour être généraliste, mais ça m'a permis de m'ouvrir aussi au reste de la société. parce que je ne suis plus seule, parce que je n'ai plus peur de cette solitude et qu'ainsi je créé des passerelles partout où je pose mon regard.

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